Des îles Canaries à St-Gall
Annie Rochat Pauchard, juge auprès de la Cour I du TAF depuis 2017, raconte son parcours atypique qui l’a menée des îles Canaries à St-Gall.
Le droit n’a pas toujours été le domaine de prédilection d’Annie Rochat Pauchard. En fait, « de cœur, c’était plutôt la médecine qui m’intéressait », mais pour cela, il fallait partir de Neuchâtel pour aller étudier à l’école de médecine à Genève. Difficile, à l’époque, de quitter sa ville d’origine. D’ailleurs, Annie Rochat Pauchard explique qu’elle est arrivée en Suisse à l’âge de huit ans. Elle est née aux îles Canaries d’un père suisse, originaire de Neuchâtel, et d’une mère espagnole. Mais alors, quand le droit fait-il son apparition dans sa vie ? « Je savais que je voulais aller à l’université, mais je ne savais pas très bien quel type d’études je voulais faire. » Le droit est venu par choix de raison : « J’avais l’impression que je pouvais apprendre un métier concret ». Au fur et à mesure, elle reconnaît avoir trouvé beaucoup de plaisir à l’étudier.
Diplômée en droit : et après ?
Diplôme de droit en poche en 1991, Annie Rochat Pauchard décroche rapidement un premier poste à Berne en tant que juriste à la Division principale de l’impôt sur le chiffre d’affaires, qui n’est autre que l’ancêtre de la TVA. Lorsque son responsable, Pascal Mollard, quitte son poste pour devenir président des Commissions fédérales de recours en matière de contributions et de douanes, elle le suit. C’est le point de départ de ses dix années d’expérience du travail de greffe, spécialisé dans les questions de TVA. En 2003, elle décroche un poste de juriste-fiscaliste dans une étude d’avocats. St-Gall se profile déjà, mais elle se sent « encore jeune pour être juge. » Son passage de greffière à conseillère fiscale n’est pas aisé, mais passionnant : « Je travaillais avec des avocats brillants, le rythme était plus soutenu mais l’énergie était assez étonnante ». Il faut alors trouver un équilibre entre qualité et quantité en respectant des délais courts. En 2008, Annie Rochat Pauchard se retrouve - parallèlement à son travail de juriste-fiscaliste senior - à nouveau sur les bancs de l’école afin de préparer son brevet d’avocat à Genève. « C’est rigolo de reprendre des études à cet âge », dit-elle amusée. Elle réussit l’examen en mai 2010.
«Un véritable virage à 180 degrés»
Annie Rochat Pauchard
En 2011, Annie Rochat Pauchard devient cheffe de la Division Droit de la Division principale de la TVA à Berne : « un véritable virage à 180 degrés ». Etre à la tête d’une centaine de personnes est très différent de l’activité d’avocat, qui travaille plutôt seul. Elle est presque la seule romande dans un environnement plutôt germanophone au sein d’une grande administration. Il faut ainsi s’adapter, comprendre les rouages d’une telle structure et avoir une bonne vue d’ensemble. La langue représente également un défi : « Il pouvait parfois être difficile de s’exprimer subtilement en allemand, surtout lorsqu’il s’agit d’exposer un raisonnement juridique ». En 2017, Annie Rochat Pauchard apprend autour d’une discussion informelle qu’un poste de juge au TAF se libère. Commence alors une nouvelle aventure à St-Gall, dans laquelle elle s’engage forte de nombreux encouragements et de sa motivation.
Et pour déconnecter du travail…
A 28 ans, Annie Rochat Pauchard découvre la plongée et c’est « le coup de foudre presque immédiat ». Elle raconte que durant son enfance aux Canaries, elle prenait déjà beaucoup de plaisir à nager avec le masque et le tuba pour rendre visite aux poissons. La plongée est devenue primordiale dans sa vie ; c’est un moyen de déconnecter du travail. Elle décrit cette activité comme « un moment de détente absolue, une remise à zéro salutaire de l’esprit », bien que l’océan reste un milieu hostile. En cas de difficultés, il faut savoir garder la tête froide, comme au travail finalement.
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